Les parutions de Myriam Panard, Consultante en lactation,  membre de AIVES, dans les médias:

 

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Mamans à Londres – Drop-in Allaitement à Londres

Interview de Myriam Panard par « Maman à Londres »

Allaitement : une consultante en lactation française répond aux questions de « Mamans à Londres »
Rencontre avec Myriam Hill-Panard

1 – Comment êtes-vous devenue consultante en lactation ?

L’ histoire personnelle est bien sûr un élément important dans mon parcours. Tout d’abord, je suis née prématurée, six semaines avant terme, mais grâce à l’allaitement, la relation de proximité physique, le contact peau à peau avec ma mère, j’ai pu me développer sans complication médicale. Tout au long de mon enfance, j’ai entendu ma mère parler avec beaucoup de bonheur et de fierté de l’allaitement, et des propriétés uniques du lait maternel qui m’ont, comme elle le disait toujours, « sauvé la vie ». Par conséquent, lorsque j’ai été enceinte de mon premier enfant, c’est tout naturellement que j’ai fait le projet d’allaiter mon bébé. L’accouchement ne s’est pas très bien passé et  l’allaitement a été difficile à établir. Comme je l’ai compris plus tard grâce à ma formation et aux rencontres avec des jeunes mamans et leur nourrisson, la relation d’allaitement initiale dépend beaucoup de la qualité de l’accouchement. Pour mon premier bébé, c’est une consultante en lactation qui  m’a aidée, soutenue, portée. Je lui  serai toujours reconnaissante ! Un peu moins de trois ans plus tard, mon deuxième garçon naissait, à Londres cette fois, et qui plus est à la maison ! Grand moment magique de bonheur, mise au sein immédiate, aucune complication et un allaitement réussi dès le tout début. Environ un an plus tard, lorsque l’on m’a proposé de me former pour aider les mamans à allaiter, j’ai immédiatement accepté, j’avais tellement envie de faire partager à toutes ces futures mamans les joies de l’allaitement. Je suis donc devenue « Breastfeeding Peer Counsellor » pour ma communauté. Puis, après 4 ans de bénévolat, qui m’ont permis d’acquérir une expérience clinique extensive, dans les cliniques, drop-ins, hôpitaux, j’ai décidé d’aller plus loin et de suivre une formation plus académique afin de passer le diplôme du IBLCE (International Board of Lactation Consultant Examiners) que j’ai réussi en 2009. 

2 – En quoi consiste l’examen du IBLCE et quelle qualification vous donne-t-il ?                          

C’est un examen international qui ne se déroule qu’une fois par an dans 130 sites différents dans le monde, le dernier lundi de juillet. Il dure toute une journée et est traduit dans plus de  10 langues . Pour passer cet examen, il faut d’abord répondre à des critères d’admissibilité et monter un dossier. Il faut notamment avoir compléter une formation pluridisciplinaire incluant des connaissances en anatomie, physiologie et endocrinologie, nutrition, biochimie, pathologie, maladies infectieuses, pharmacologie et toxicologie, mais aussi psychologie,sociologie et anthropologie….Mais les connaissances académiques ne suffisent pas, il faut également avoir accumulé un minimum de 1000 heures de consultation en face-à-face avec des mamans et être suivi, supervisé par un mentor, en général une consultante en lactation déjà bien établie. L’examen est surtout orienté sur la pratique clinique du candidat.

Une fois qualifiée, la consultante en lactation, doit continuer son éducation en se rendant à des conférences, des journées d’étude afin de se tenir informée des toutes dernières recherches dans le domaine de l’allaitement. Elle doit ainsi être recertifiée en accumulant des points durant les cinq années qui suivent l’examen et également repasser l’examen tous les dix ans afin de garder son titre de IBCLC (= International Board Certified Lactation Consultant).

L’accréditation « IBCLC » est la seule certification mondialement reconnue pour les consultantes en lactation. En tant que professionnelle de la santé, elle doit se soumettre au code de déontologie de la profession.Son rôle est d’éduquer, de soutenir et d’aider à surmonter les difficultés que le couple maman-bébé (sans oublier le papa!) peut rencontrer tout au long de sa relation d’allaitement.

Elle intervient durant la grossesse pour répondre à toutes les questions que les futurs parents se posent concernant l’alimentation et le bien-être de leur bébé et les préparer à mieux anticiper les premières semainesaprès l’accouchement.

Elle peut travailler dans les maternités publiques ou privées, dans une banque de lait ou lactarium, faire partie de l’équipe médicale d’une unité de soins intensifs néonatals. En tant que spécialiste de l’allaitement, elle peut aussi diriger des sessions de formation continue auprès des sages femmes, infirmières et jeunes pédiatres. Elle peut également travailler en indépendante et avoir son propre cabinet pour recevoir des mamans ou faire des visites à domicile.

3 – A quel moment conseillez-vous de vous consulter ?

A différentes périodes.

Durant la grossesse, au troisième trimestre de grossesse, quand on se prépare à donner naissance à un enfant, je recommande vivement aux futures mamans qui font le projet d’allaiter leur bébé de constituer un petit groupe. Ce groupe de mamans se rencontre 2 à 3 fois durant deux heures dans la maison de l’une d’entre elles ; idéalement, une séance est à prévoir avec la présence des papas. Il s’agit d’un cours structuré durant lequel j’utilise différents supports (vidéos, photos, extraits de lecture, articles issus de recherches scientifiques, marionnettes, poupées…) afin de faire participer activement les futurs parents, je réponds également aux questions, et j’anime les discussions. 

Après la naissance, il y a différentes possibilités :

-Le ‘drop-in’ : c’est un rendez-vous  qui a lieu une fois par semaine durant lequel les mamans qui allaitent se rencontrent pour  partager leurs expériences, échanger des « trucs », se soutenir mutuellement. Je suis là pour les écouter, les guider, les rassurer, les « porter » afin qu’elles puissent vivre leur allaitement en toute sérénité. J’y invite aussi les futures mamans qui n’ont jamais été en contact avec des bébés allaités, afin qu’elles aient un petit aperçu de ce qu’elles vont bientôt vivre ; en général, elles apprécient beaucoup et se sentent ainsi mieux préparées. Pour le moment, je conduis ce drop-in avec des collègues britanniques tous les mardis dans le Nord-Ouest de Londres. Notre structure s’appelle « The Breastfeeding Team ».

-La visite à domicile, vivement recommandée lorsque la maman rencontre de réelles difficultés après la naissance de son bébé.  Si la mise en place de l’allaitement est difficile, cela plonge en effet bien souvent la maman dans un profond désarroi. Elle a alors besoin de beaucoup d’attention et de soutien. Certaines situations requièrent vraiment l’aide d’une IBCLC : refus du sein, mamelons douloureux ou crevassés, engorgement sévère, inflammation du sein, problèmes de production de lait (surabondance ou insuffisance), gain de poids lent chez le bébé, circonstances médicales particulières, sevrage, retour au travail ou séparation mère-enfant…

Je propose également des « ateliers-allaitement » qui sont des rendez-vous mensuels, chez moi, où toutes les personnes intéressées par les bienfaits de l’allaitement peuvent se rendre, le nombre de places est limité à 10. Je choisis un sujet qui se prête à la discussion et j’anime le débat tout en apportant des informations complémentaires.

4 – Est-ce difficile d’allaiter ?

 L’allaitement est un apprentissage, ce n’est pas quelque chose d’inné. S’il existe des consultantes en lactation, c’est que l’allaitement comme la naissance sont des processus  aujourd’hui très médicalisés. Nous vivons, et cela depuis plusieurs générations,  dans une culture du biberon. Enfants, nous n’avons pas vu de femmes allaiter, nous avons rarement vu la position d’un enfant au sein. Alors, quand nous nous retrouvons avec notre propre nourrisson, nous ne savons pas comment le porter, le tenir, le positionner au sein. Les conseillères en lactation sont là pour accompagner les jeunes mères dans cet apprentissage.

5 – Pensez-vous qu’il soit possible de rendre compatible l’allaitement et une vie professionnelle ?

Oui c’est tout à fait possible, c’est une question d’organisation. Avant les 6  mois du bébé c’est un peu plus difficile, car l’enfant a besoin d’être allaité souvent mais des solutions existent en fonction de sa situation personnelle (emploi à temps complet ou partiel, présence d’une crèche sur le lieu de travail, mode de garde, possibilité de tirer son lait durant la journée de travail..) et de ses objectifs par rapport à l’allaitement.  Et puis quand on commence à varier l’alimentation, il peut y avoir une tétée du soir et une tétée du matin.

6 – Que pensez-vous de la solution mixte : mi biberon / mi allaitement ?

Il est préférable de ne pas introduire de biberon avant que l’allaitement soit bien établi (cela prend en général 6 semaines), afin d’éviter toute confusion pour le bébé. Les modes de succion sont en effet très différents. Si le nouveau-né, pour quelque raison que ce soit, ne prend pas le sein, il existe d’autres méthodes d’alimentation qui faciliteront la transition au sein, notamment l’alimentation au doigt, à la cuillère ou  à la tasse (=mini gobelet spécialement conçu à cet effet). Malheureusement beaucoup de professionnels de la santé ne sont pas familiers avec ces modes d’alimentation et préfèrent, par facilité, recommander le biberon, ce qui peut dans certains cas entrainer de réels problèmes.  

7 – Et la place du papa là-dedans ? Il n’est pas un peu exclu ?

Pourquoi croire que la seule manière de développer une relation intime avec son bébé serait de le nourrir ? Il y a tellement d’autres choses que le papa peut faire pour prendre soin de son enfant et établir une relation de proximité : lui donner le bain, le garder peau contre peau, le bercer, le promener, lui chanter des berceuses, dormir à ses côtés, lui faire un massage, le changer, l’habiller…

 Le rôle le plus important du papa est de soutenir la maman, l’encourager, la féliciter,  croire en elle, lui donner confiance, la protéger des gens qui pourraient lui faire des commentaires négatifs sur son allaitement.

 Les 40 jours qui suivent la naissance correspondent au temps nécessaire pour que le corps de la maman se remette de l’accouchement et qu’elle établisse une bonne production de lait pour les besoins de son bébé. Le papa peut alors tout mettre en œuvre, dans la vie pratique pour que cette période soit la plus sereine pour la maman et son bébé. 

8 – Quel est le meilleur âge pour le sevrage ?

Il n’y a pas de meilleur âge. Un allaitement peut durer quelques jours comme des mois, voire quelques  années. Chaque femme a sa propre histoire, ses propres contraintes et surtout ses propres désirs par rapport à l’allaitement. Mon travail d’aide et de soutien consiste à permettre à chaque femme de vivre l’allaitement qu’elle désire, comme elle le désire et dans les meilleures conditions.

Voici la liste des 6 prochains ateliers-allaitement que je vous propose et qui auront lieu chez moi dans le Nord-Ouest de Londres NW6, le deuxième jeudi de chaque mois entre 10h30 et 12h30. Contactez-moi si vous êtes intéressée !

-Le jeudi 9 décembre 2010 à Pourquoi allaiter ?

-Le jeudi 13 janvier 2011à Comment réussir son allaitement ?

-Le jeudi 10 février 2011à Quel est le rôle du père dans l’allaitement ?

-Le jeudi 10 mars 2011à Comment concilier son sommeil avec l’allaitement ?

-Le jeudi 7 avril 2011à Quand et comment sevrer son bébé ?

-Le jeudi 12 mai 2011à Comment concilier la reprise du travail et l’allaitement ? 

 

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